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Trophées UNFP : le foot féminin jugé par contumace
En organisant la cérémonie des trophées UNFP en même temps que les play-off de Première Ligue, le football français manque encore une occasion de mettre en avant une discipline qui a toujours besoin de lumière pour continuer de grandir.

Ce n’est jamais agréable d’être invité à la soirée de l’année et de ne pas pouvoir s’y rendre pour cause d’obligation professionnelle. Surtout quand les organisateurs ne font aucun effort au niveau de la date. C’est pourtant ce qui va se passer ce dimanche soir pour une bonne partie des nommées aux trophées UNFP dans trois catégories bien précises : meilleure joueuse, meilleure gardienne et meilleur espoir de Première Ligue. Et pour cause, la cérémonie organisée par le syndicat des joueurs professionnels débutera à 18h45, soit tout pile entre… les deux demi-finales des play-off de Première ligue.
Le premier, qui oppose l’Olympique lyonnais et Dijon, démarre en effet à 15h15 ce qui, même avec la meilleure volonté du monde, empêchera Melchie Dumornay, Lindsey Heaps, Tabitha Chawinga et la gardienne Christiane Endler (toutes lyonnaises) d’être présentes au Pavillon Gabriel pour se voir éventuellement remettre une récompense individuelle. Le second, un remake de la finale de la Coupe de France entre le Paris Saint-Germain et le Paris FC, est prévu à 21h, ce qui, là encore avec la meilleure volonté du monde, ne permettra pas à Sakina Karchaoui, Mary Earps, Tara Elimbi Gilbert et Krobin Albert (PSG), ni à Clara Mateo, Chiamaka Nnadozie, Lou Bogaert et Melween N’Dongala (PFC) d’enchaîner les deux. Ne reste plus qu’Emily Burns (Nantes), Justine Lerond (Montpellier) et Lucie Calba (Reims) qui pourront se goinfrer au buffet mais qui, sauf énorme surprise, se contenteront d’applaudir poliment dans leur fauteuil molletonné au moment de l’annonce des résultats.
Amateurisme ou je-m’en-foutisme ?
Alors certes, le football féminin français a eu droit, le 28 avril dernier, à sa propre cérémonie de récompenses (les fameux trophées LFFP, organisés par la FFF), mais on est malgré tout en droit de se demander comment le comité d’organisation de la plus importante célébration annuelle du milieu footballistique français ne s’est pas dit qu’il serait catastrophique de réunir le gratin alors que la majorité des nommées de trois catégories (sur onze) ne pourraient pas être présentes, et ce, parce qu’elles pratiquent leur métier en même temps.
À moins de deux mois du début de l’Euro (qui, pour rappel, se déroulera en Suisse), le signal envoyé n’est pas brillant et, alors qu’on pensait que le développement de la discipline était (enfin) lancé sur les bons rails, le couac de la cérémonie de ce dimanche vient rappeler que, quelque part, le football féminin reste une priorité secondaire – si tant est qu’il s’agisse d’une priorité. Et si on leur pose la question, il y a peu de chances que les joueuses réclament un traitement de faveur, ce n’est pas dans leur habitude. En revanche, elles seraient bien en droit de demander à être traitées sur un pied d’égalité. Ce qui n’est manifestement pas le cas ici, même si c’est symbolique (quoique ?). Pour croire les promesses de mains tendues en direction de la discipline, on repassera. Une fois de plus.
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