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Julien Lopez : « Franchement, je le sentais bien dès le début »

Propos recueillis par Léna Bernard
11 minutes

Joueur emblématique du Paris FC depuis 2017, Julien Lopez est revenu sur les heures qui ont suivi l’accession du club parisien en Ligue 1. Émotions, déceptions, avenir, aucun sujet n’a été éludé par le plus marseillais des Parisiens.

Julien Lopez : « Franchement, je le sentais bien dès le début »

Rembobinons le fil : nous sommes le vendredi 2 mai, aux alentours de 22 heures. Votre équipe du Paris FC vient de faire match nul à Martigues (1-1) et vous attendez avec vos coéquipiers le dénouement de Metz-Rodez qui n’en finit plus. Où tu étais et comment tu te sentais ?

De base, j’étais en tribune avec mon frère (Maxime Lopez, également joueur du Paris FC, NDLR) et toute la délégation du Paris FC. Avec Maxime, on était suspendus. Tout au long du match, on suivait le résultat de Metz-Rodez en direct, c’étaient les montagnes russes. À Martigues aussi, le scénario était fou : on mène au score, on se fait égaliser, c’est dans ces moments-là que c’est dur d’être en tribune parce que tu n’es pas maître du match. En plus avec mon frère, nous les deux Marseillais, on était frustrés de ne pas jouer alors qu’on connaissait énormément de monde au stade… À la fin de notre match, on est tous descendus sur la pelouse pour attendre la fin de celui de Metz. On savait qu’un nul nous suffisait pour monter en Ligue 1. Après, ça a été la délivrance.

Vous vous faites spoiler le résultat par Antoine Arnault ?

Oui ! Il a eu le score avant nous, avec les journalistes qui étaient en tribune. (Rires.) C’est là qu’on a compris que c’était fait, que le match était fini et qu’on était en Ligue 1. La fin de saison a été palpitante, et je pense que M. Arnault a kiffé avec nous. On a vécu de très bons moments, à l’image de la victoire contre Lorient ou de ce match à Martigues synonyme de montée en Ligue 1.

Ça fait huit ans que je suis là, j’ai perdu quatre fois en barrage… Et là, vraiment, c’était un soulagement, une sensation incroyable.

Julien Lopez

Qu’est-ce qu’on ressent comme émotion à ce moment précis, surtout lorsqu’on est passé par beaucoup de déceptions avec ce club ?

C’est indescriptible, franchement. Je souhaite à tout le monde de vivre un moment comme ça dans sa carrière. Moi, je n’en avais jamais vécu, ça fait huit ans que je suis là, j’ai perdu quatre fois en barrage… Et là, vraiment, c’était un soulagement, une sensation incroyable. En plus de ça, je l’ai vécu avec mon petit frère sur le terrain, il y avait nos parents dans les gradins. C’est quelque chose qui restera gravé à jamais dans nos mémoires, quelque chose d’historique aussi pour le Paris FC parce que c’est un club qui grandit, et ce n’était pas assuré que l’on joue la montée en Ligue 1 avec tous les échecs du passé. Dans ce groupe, il n’y a que des bons gars, le staff est top, tout le monde est ensemble et on a surfé sur cette dynamique toute la saison. Et puis vivre ça à Martigues, c’est particulier pour moi : je connais très bien le directeur sportif du club (Djamal Mohammed, NDLR), puisque c’était mon DS à Consolat et c’est lui qui a relancé ma carrière à l’époque.

 

Vous êtes rentrés directement à Paris après la rencontre. À quoi ressemblaient les célébrations sur le chemin du retour ?

On avait déjà beaucoup célébré dans les vestiaires parce que tous les joueurs du groupe professionnel, tout le staff, et même certains employés du club ont fait le déplacement. On était pratiquement une cinquantaine. On a continué dans le bus, puis dans l’avion, et même si on est rentrés tard à Paris, il y avait quand même une centaine de supporters qui nous attendaient à l’aéroport. Ils sont venus jusqu’à Melun, alors que c’est à 1h15 du centre de la capitale ! Ils nous attendaient avec des fumigènes et on a fêté ça avec eux. On sait que le Paris FC, c’est un club nouveau, mais nos supporters sont là depuis des années : à l’époque, ils étaient déjà 500 au stade et même pour eux, c’est incroyable de se dire que désormais, on va être en Ligue 1, que l’on va jouer dans des stades pleins les week-ends. C’est du bonheur, on a donné beaucoup de bonheur à tout le monde. Bon après, je ne vais pas mentir, on était tous un peu KO : on était partis le matin en avion à 9 heures du matin pour Martigues, c’était une longue journée à attendre le match, après il y a les émotions du match… Tout le monde est allé dormir après notre arrivée à Paris, il n’y a pas eu de fête.

Ce sera l’occasion de la faire le week-end prochain, puisque vous êtes toujours en course pour le titre de champion de Ligue 2.

Oui. (Rires.) C’est dommage qu’on ait fait nul, mais on va jouer à fond ce dernier match contre Ajaccio, on ne sait jamais ce que peut faire Lorient contre Martigues. En tout cas, j’espère que Martigues se maintiendra parce que c’est bien d’avoir des clubs dans le Sud qui sont professionnels, et ces dernières années, beaucoup de clubs du sud de la France sont en train de disparaître du monde pro. Donc j’espère que Martigues va se maintenir en gagnant à Lorient et nous que l’on va battre Ajaccio. Finir avec un titre de champion pour le Paris FC, ce serait l’apothéose.

Tu le disais plus haut, cela fait huit ans que tu évolues sous les couleurs du Paris FC, tu as tout connu avec ce club et pas que des moments de joie. Mentalement, comment on fait pour repartir chaque année à la conquête de la montée en Ligue 1, après tant de désillusions ?

Les barrages, c’est dur, car c’est vraiment le parcours du combattant. On a fait quatre fois les barrages, c’était des déceptions à chaque fois, mais le plus dur à digérer, ça a vraiment été la première fois en 2019 : on perd aux penaltys contre Lens et franchement, on avait fait une saison de fou. Celle-là, elle a été dure à encaisser. Mais avec l’expérience que j’ai prise en perdant, ça m’a servi. J’aurais pu également citer celui de l’an dernier où l’on perd contre Rodez qui rate pourtant ses trois premiers penaltys. C’est la première fois dans l’histoire du foot, je crois, qu’une équipe qui rate autant arrive à gagner la séance de tirs au but. Mais cette année, franchement, je le sentais bien dès le début. Tout a été bien fait pour qu’on joue la montée jusqu’à la fin de saison et on a réussi à atteindre cet objectif.

C’est rare que le PFC joue les premiers rôles pour la montée directe en Ligue 1. Qu’est-ce qui a changé au sein du club cette saison ?

La réussite de cette saison s’explique par ce qui a été mis en place la saison d’avant, avec l’arrivée du nouveau coach (Stéphane Gilli, NDLR) combinée à celle d’un nouveau directeur sportif en la personne de François Ferracci. Ça nous a fait partir sur un nouveau cycle. La saison dernière, lors des six premiers mois, on a été relégables à certains moments, mais c’était nécessaire pour repartir de l’avant. On a construit quelque chose à partir de l’année dernière, on a gardé l’ossature de l’équipe de l’an passé et on a recruté des éléments avec énormément de talent et d’expérience. Résultat, tout le monde s’est fondu dans le moule, et c’est grâce à ça qu’on a fait une grande saison.

Lorsqu’il est arrivé, tout le monde s’est mis au diapason, aucun joueur ne s’est dit : “C’est bon, il y a Max Lopez, il va nous faire monter.”

Julien Lopez

De monter avec ton frère Maxime, ça rend le moment encore plus fort ?

Oui, c’est incroyable. Ça a fait beaucoup parler quand il a signé au Paris FC cet été. Il était attendu, il avait énormément de pression sur lui, il a presque mis sa carrière en danger d’une certaine façon. C’est tout à son honneur qu’il ait aidé à faire monter le Paris FC en Ligue 1. Lorsqu’il est arrivé, tout le monde s’est mis au diapason, aucun joueur ne s’est dit : « C’est bon il y a Max Lopez, il va nous faire monter. » C’était plutôt : « Max Lopez est là, il va falloir qu’on hausse notre niveau. » C’est vraiment une montée de groupe : au début de saison, on gagnait des matchs avec certains joueurs, puis au milieu de la saison c’était d’autres, chacun a pris le relais. C’est toute l’équipe, tout le groupe qui a participé à cette montée, ce n’est pas un joueur ou deux, trois individualités. C’est vraiment notre force.

Ce côté très collectif, est-ce que ce n’est pas finalement ça, l’identité du Paris FC ?

Je le pense, oui. Avant, j’avais passé deux ans à Consolat, un club incroyable, et je pensais que ça allait être très différent lorsque je suis monté à Paris. Mais non. C’est vraiment un club familial, tout le club est derrière l’équipe première, et c’est grâce à ça qu’on a réussi à performer toutes ces années et ce qui a fait notre force. Cela vaut aussi pour les filles qui ont gagné leur premier titre samedi, mais c’est un travail depuis cinq six ans, c’est quelque chose qui est basé sur la continuité.

 

Le président Ferracci laissait entendre que certains joueurs seraient libérés à la suite de cette montée. Tu arrives en fin de contrat cet été, est-ce que tu penses encore faire partie de l’aventure la saison prochaine ?

Mon futur, je le vois vraiment au Paris FC. J’ai envie de découvrir la Ligue 1 avec ce club, c’est une division où je n’ai jamais joué, c’est mon club de cœur, ça fait huit ans que je suis là… Je pense que le Paris FC sait ce que j’ai apporté au club pendant toutes ces années. Je suis le plus ancien, il ne faut pas non plus tout changer parce que ça ne va pas forcément fonctionner. Je crois qu’il faut garder les bases de la réussite du club, ses valeurs, et je pense que j’en fais partie. Maintenant oui, on monte en Ligue 1, donc quoi qu’il arrive, il te faut des recrues pour pouvoir être compétitif. Mais je pense que les dirigeants vont vouloir rester dans la continuité et monter une équipe compétitive sans forcément changer 20 joueurs. Par exemple lors du mercato de janvier, tout le monde pensait que les nouveaux actionnaires allaient faire des folies et recruter dix joueurs. Finalement ils ont gardé le cap, ils ne se sont pas enflammés parce que ça aurait pu tuer le groupe et c’est ce qui a fait notre réussite. En tout cas, j’espère vraiment que ça va se faire dans les semaines qui viennent, que je vais pouvoir prolonger.

On n’aura pas l’effet de surprise du petit Poucet, les autres clubs vont nous attendre au tournant.

Julien Lopez

Tout le monde parle désormais de cette nouvelle rivalité entre le Paris FC et le Paris SG avec seulement quelques mètres de distance entre le Parc des Princes et Jean-Bouin où le PFC évoluera la saison prochaine. Qu’est-ce que ça t’inspire ?

C’est fou quand même de se dire qu’on va jouer à 50 mètres l’un de l’autre. En tant que Marseillais, né à Marseille avec un papa supporter de l’OM, on a toujours connu la rivalité entre Marseille et le PSG, mais avec le PFC, c’est sûr que ça va être incroyable d’avoir un derby parisien en première division. Après, le PSG, ça fait 12-13 ans qu’ils ont été rachetés, donc ils sont dans une autre dimension. Nous, on en est loin, et je pense que le club va déjà essayer de faire sa place en Ligue 1 dans un premier temps. On n’aura pas l’effet de surprise du petit Poucet, les autres clubs vont nous attendre au tournant.

Quelle est ta vision du club pour ces prochaines années ?

J’espère vraiment que le club va consolider sa place en Ligue 1 et va se développer au fil des saisons en jouant le haut de tableau. Il ne faut rien se refuser, il y a un gros projet avec des moyens qui vont être mis. Le but du Paris FC, c’est de gagner sa place en Ligue 1 et après, petit à petit, d’évoluer. On voit que si les clubs travaillent bien, comme Brest par exemple, les résultats arrivent : ils ont joué la Ligue des champions après être remontés il y a 4-5 ans. Tout est possible dans le foot, mais je pense que le Paris FC va devenir un club de Ligue 1 et s’y inscrire dans la durée.

Un groupe de supporters du Paris FC dissous par décret

Propos recueillis par Léna Bernard

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