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Dix choses à savoir sur Bodø/Glimt

Par Mathieu Plasse
10 minutes

Première équipe norvégienne à atteindre le dernier carré d’une Coupe d’Europe, Bodø/Glimt demeure un club unique en son genre. Encore inconnu il y a dix ans, ce petit club a su user d’intelligence pour enchaîner les exploits en Ligue Europa. Voici dix histoires pour en savoir plus sur le nouveau géant du Nord.

Dix choses à savoir sur Bodø/Glimt

⇒ Thermomètre à zéro

Peuplée de 50 000 habitants, la ville de Bodø (prononcez « Boudeux ») a la particularité d’être localisée dans le cercle arctique. À 1200 kilomètres d’Oslo, la commune norvégienne a le privilège de connaître les jours polaires du 2 juin au 10 juillet : des jours où le soleil ne se couche jamais. Forcément, il n’y fait pas très chaud là-bas, avec un mois de juillet à 13 degrés de moyenne et des températures qui peuvent chuter jusqu’à -4°CDe quoi cueillir à froid les équipes du reste de l’Europe, sans parler du terrain régulièrement envahi par la neige. Supporters de la Lazio, ne faites pas semblant de ne pas savoir de quoi on parle…

⇒ Des supporters fans de Nagui

Si un jour vous avez l’opportunité de vous rendre à un de leurs matchs, habillez-vous chaudement et apportez votre trousse de toilette. Car si la température est un peu rude pour des Norvégiens qui bougent pour se réchauffer, les supporters viennent avec une brosse à dents, devenue symbole du club. Une tradition vieille d’un demi-siècle, alors qu’un supporter se servit de cet outil pour faire chanter ses camarades, à la manière d’une chorale. Jordan (marque d’hygiène dentaire en Scandinavie) leur offrira même des brosses à dents géantes, qu’on peut remarquer à chaque rencontre. Une manière originale de supporter un club à l’identité unique. Cela n’arrive pas souvent de voir le nom d’une équipe avec d’autres signes que le trait d’union. Alors qu’on orthographiait au départ « Bodø-Glimt », le tiret s’est transformé en slash pour éviter la confusion dans les journaux et les paris sportifs. Peut-être était-ce un peu tôt pour le football à trois équipes.

⇒ La fierté du Nordland

En dehors de deux coupes nationales, Bodø n’avait jamais été une place forte du football norvégien. Lorsque Rosenborg ou Molde dominaient le pays au XXIe siècle, Glimt était cantonné à faire l’ascenseur. Allers-retours qui ont fini par cesser à l’arrivée de Kjetil Knutsen en 2017, accompagné d’un staff qui a très peu changé depuis. Après une remontée directe en Eliteserien, le club a remporté en 2020 son tout premier championnat de Norvège, avec une saison à 103 buts et une seule défaite. Ce qui faisait de lui le premier champion provenant du Nord, toujours considéré comme une région faible au football. Il y a quelques mois, Bodø/Glimt confirmait sa domination avec un quatrième titre en cinq ans. Seule ombre au tableau, l’absence d’une coupe de Norvège, qui se fait attendre depuis 1993.

⇒ Qui est-il, Knutsen ?

Sans passé de joueur professionnel, le technicien de 56 ans a du rouler sa bosse dans les basses divisions locales. C’est fort d’un pedigree de vingt ans qu’il arrive à Bodø, par l’aval d’Aasmund Bjørkan, entraîneur et légende du club. Ce dernier devenant directeur sportif en 2018, il laisse la place à son second. Le moment de bascule. Basant son jeu sur la contre-attaque au départ, Glimt va devenir une équipe de possession moderne. Séquences d’innombrables passes, grosse activité des latéraux à l’intérieur comme sur l’aile, il y a surtout ce pressing haut qui est devenu la marque de fabrique de l’équipe. Tout est alors organisé avec minutie pour faire de cette équipe une machine de guerre. Perfectionniste, le Norvégien demande à ses joueurs un investissement maximal et leur impose des séances d’entraînement très intenses. Le club met aussi l’esprit au centre de son projet. Le tout autour de séances de méditation et la présence d’un préparateur mental issu de la Luftforsvaret, forces aériennes norvégiennes. Avec ces méthodes, pas étonnant de retrouver le nom de Knutsen chaque été, sur les tablettes des clubs de la Premier League. Mais malgré les tentations, personne n’a encore réussi à le faire sortir de son nid.

⇒ Les marathoniens d’Europe

Sans faire partie des grands du continent, les joueurs de Glimt connaissent déjà un rythme irrespirable. À cause de l’hiver, bien plus rude en Scandinavie, le championnat norvégien ne possède pas les mêmes dates que les autres. Chaque année, l’Eliteserien démarre fin mars et s’étend jusqu’au mois de novembre, voire décembre. En plus des matchs de coupes, nationale comme continentale, mai 2025 constituera leur treizième mois consécutif avec un match officiel dans les jambes. Un chiffre vertigineux qui montera pour sûr à vingt-deux, puisqu’ils sont qualifiés pour la C1 ou la C3 la saison prochaine. Ce n’est pas par ici que ça se plaindra de ne pas participer à la Coupe du monde des clubs.

⇒ Bodø/Glimt till’ I die

Élément qui dénote des autres équipes européennes, sa manière d’intégrer des talents locaux plutôt que des extracommunautaires. Là où Tottenham et Manchester United dépassent la barre de vingt joueurs étrangers, Glimt n’en compte que quatre. Trois Danois (Kasper Høgh, Jeppe Kjær et Villads Nielsen) et un Russe, le gardien Nikita Haikin. Cet anachronisme provient d’une volonté de se concentrer sur la formation locale. Une école qui va donner naissance à des cadres comme Patrick Berg (dont le grand-père, le père et l’oncle sont passés par Bodø), Håkon Evjen. Tous deux étant revenus au bercail, après un échec à plus haut niveau (l’un à Lens, l’autre à l’AZ). Le plus grand club du pays est alors devenu un des mécènes de la sélection, toujours en attente d’un retour en grande compétition.

⇒ Coup de Glimt en Ligue des champions

Si son palmarès en Norvège prouve que Glimt n’est pas une équipe sortie de nulle part, son bilan européen confirme l’impression. En plus de leur demi-finale de Ligue Europa, s’ajoute une épopée lors de la toute première édition de la Ligue Conférence, qui vit les Jaune et Noir voguer jusqu’en quarts de finale contre l’AS Rome. Mais la marche vers la Ligue des champions est encore un peu haute, voyant la qualif leur passer sous le nez, contre le Dinamo Zagreb en 2022 puis l’Étoile rouge cette saison. Cependant, leurs récents parcours européens ont permis deux grandes avancées : une place réservée en barrages de C1 pour la saison prochaine, ainsi que 26 millions d’euros dans les caisses. Un budget démentiel pour le championnat, qui devrait cependant servir à moderniser le centre de formation et le stade. L’Aspmyra, fait de 8 000 places, reste un ovni à l’échelle européenne. Que ce soit pour sa vétusté, son terrain synthétique ou le fait que l’enceinte abrite une école et un supermarché. Une nouvelle enceinte va voir le jour, baptisée « Arctic Arena » et pouvant accueillir 10.000 spectateurs. Puissent-ils être aussi imbattables sur cette pelouse, là où ils n’ont perdu que six fois en trente-sept matchs sur l’ancien, qui devrait fermer ses portes en 2027.

⇒ Les plus détestés de Rome depuis Catilina

Si l’on peut s’attendre à une ambiance électrique pour cette double confrontation contre Tottenham, rien n’égalera ce qui pu être contre la Roma. Les Giallorossi ont fini par avoir la peau des Norvégiens en quarts de finale de Ligue Conférence 2021-2022 (1-2, 4-0), mais au prix de beaucoup de sueur et de clashs. Une rivalité improbable qui démarra à l’hiver 2021, alors que les hommes de José Mourinho devaient déjà se les coltiner en phase de poules. Le 21 octobre marquera le jour où Glimt se fera connaître, avec une humiliation 6-1 à l’Aspmyra. De quoi enrager les tifosi, dont personne ne voulait le maillot de Lorenzo Pellegrini. La seule fois où José Mourinho perdait par cinq buts d’écart, avec la manita de 2010.

La tension deviendra réelle au printemps, lorsque les deux se retrouveront l’un contre l’autre en quarts de finale. Après la victoire de Glimt à l’aller et à la maison (2-1), une altercation a éclaté dans le travées du stade. Difficile de déterminer son début, mais il a été établi que Nuno Santos, entraîneur des gardiens de la Roma, a attrapé Kjetil Knutsen par la gorge. Pendant ce temps, les supporters norvégiens attaquaient Tammy Abraham avec… des boules de neige. Chacun ses armes, mais de quoi mettre le feu aux poudres. C’est alors que le titan du Nord va se mettre à se moquer ouvertement de la Roma pour le match retour. Aussi bien le club, qui va opter pour le centre d’entraînement de la Lazio plutôt que le synthétique que le rival lui offrait. Aussi bien les supporters, qui vont réunir 7000 euros pour faire des masques à l’effigie de Knutsen, qu’ils porteront durant le match. Ce seront donc deux mille visages du technicien qui seront déconfites, après que la Roma se venge avec la qualification.

Et histoire de ne pas faire de jaloux, la Lazio deviendra victime de l’ogre norvégien. Lors des quarts de finale de cette Ligue Europa, Bodø/Glimt a fait trépasser les hommes de Marco Baroni, même s’ils ne sont pas passés loin de la correctionnelle à Rome. De quoi ravir les supporters, de retour avec des tifos moqueurs, mais aussi le portier Nikita Haikin, qui n’a pas hésité à se montrer enfant, avec un maillot de la Roma. La boucle est bouclée.

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« Planet, people and profit »

Tout cet argent pourrait bien amener le club de Bodø/Glimt à un palier supérieur. Oui, et les supporters, décisionnaires dans la vie du club, accueillent ces profits à bras ouverts. Mais de manière responsable. Jamais séparés de leur brosse à dents, symbole du club depuis un demi-siècle, les membres ont lancé l’initiative « Action Now ». Mouvement ayant pour but de faire connaître et respecter les dix-sept objectifs de développement durable des Nations Unies, à propos du climat ou de la pauvreté. Exemple en 2021, lorsque Glimt lance une campagne nommée « Tribute to the Ocean », centrée autour de leur maillot extérieur, fait de matériaux recyclées dans le précepte de conserver la vie marine. Une mesure logique pour cette ville côtière. Frode Thomassen, dirigeant du club, a été très clair à ce sujet : « C’est la planète, les personnes et le profit, dans cet ordre. Nous créons des partenariats innovants faisant part de solutions au développement durable, avec des sponsors qui ne s’impliqueraient pas avec nous à l’origine. ». Le football norvégien étant souvent concerné par les droits humains, Bodø/Glimt n’a pas manqué de faire un geste pour la Palestine. Après avoir affronté le Maccabi Tel-Aviv en janvier dernier (victoire 3-1), le club avait annoncé offrir la recette à l’aide humanitaire de Gaza. Tout-terrain.

⇒ Ils ont déjà battu Ange Postecoglou

« Bodø/Glimt mérite d’être là. » À la veille du match, le coach australien de Tottenham sait face à quoi il est tombé. Il ne veut sûrement pas revivre la débâcle vécue avec le Celtic en février 2022. Malgré une troisième place honorable dans un groupe de Ligue Europa relevé (Betis, Leverkusen et Ferencváros), les Bhoys ont été reversés en C4 pour devenir la première grosse victime de Bodø/Glimt en Coupe d’Europe (victoires 3-1 et 2-0 en barrage). Sans match officiel depuis deux mois, les Norvégiens s’était tout de même préparés à l’exploit. Ayant étudié pendant des heures le jeu d’Ange Postecoglou, Knutsen relève un point central : la volonté du Celtic à récupérer le ballon le plus haut possible. Pour trouver une parade, l’entraîneur de Glimt va adapter ses entraînements, notamment en resserrant la largeur de son terrain. Ainsi, les joueurs ont pu s’habituer à trouver des solutions sous pression, ce qui a fini par payer le jour du match. À savoir si cela sera suffisant pour défaire des Spurs souhaitant sauver leur saison.

Les affiches des demi-finales de Ligue Europa

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